Étoile de Bethléem SMB
Missionnaires suisses
CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Août 27
«Voici que je fais une chose nouvelle...»

Prophète Isaïe: agir avec Dieu en transfigurant les souffrances

Nous vivons une époque d’incertitude dans le monde: guerres civiles, insurrections terroristes, interventions militaires qui se multiplient à Gaza, en Ukraine, au Congo-Kinshasa, au Soudan du Sud, en Haïti, etc. Cette amplification des conflits exacerbe la pauvreté, le changement climatique, les inégalités économiques, les ambitions territoriales, ainsi que les luttes pour le contrôle des richesses. Les organismes créés pour promouvoir la sécurité, la paix et la coopération dans le monde ne parviennent plus à réunir tous leurs membres autour d’une table. Tout cela entraîne une sorte d’aveuglement dans les schémas de pensée des populations victimes des barbaries et violences. Devant un tel tableau sombre, on peut se demander: où est Dieu? Que fait-il puisque le mal paraît omnipotent? Le permet-il? Ou bien le libre arbitre qu’il nous a donné est-il lamentablement vicié? La réponse face au mal ne date pas d’aujourd’hui.

Dans certains passages de la Bible, les conflits et drames sont interprétés comme des châtiments divins pour les transgressions des hommes. Dans cette croyance, les tragédies et souffrances sont vues comme des épreuves pour renforcer la foi des croyants.

C’est ce que le prophète Isaïe tente de montrer dans son livre, tout en disant que Dieu n’est ni absent ni indifférent aux meurtrissures des hommes.

Isaïe et de nombreux autres prophètes, qui ont été les porteurs de la parole de Yahvé dans l’Antiquité, n’ont pas souvent vécu durant des périodes d’accalmie, mais plutôt tragiques. Leur contexte socio-politique était généralement très tendu et fragile. Mais ils ont su transmettre un message d’unité, de paix et d’espérance.

Isaïe s’exprime au moment où le roi babylonien Nabuchodonosor a conquis Jérusalem (587 av. J.-C.). Il a mis le feu à la ville et détruit le temple, symbole de la présence de Dieu. Il a tué tous les fils du roi et l’a déporté en Babylonie avec une partie de la population.

Les déportés sont alors complètement découragés. Ils sont en plein syndrome post-traumatique. Ils ont tellement de deuils à vivre! Ils connaissent tous des personnes qui ont été tuées. De plus, plusieurs ont été arrachés à leur famille pour être déportés.

Loin de leur terre, ils ont l’impression d’être séparés de leur Dieu et de ne plus pouvoir le prier.

C’est au cœur de cette grave crise que le prophète Isaïe fait résonner la parole de Dieu:

«Voici que je fais une chose nouvelle.» (Is 43,19)

Isaïe montre que le vrai Dieu n’est pas celui que vous croyez: un dieu vengeur, insensible aux misères humaines. Sa voix peut atteindre les gens jusque dans leur exil.

Voilà pourquoi le prophète peut révéler qu’avec Dieu, la nouveauté est déjà présente, en germe, au cœur même de la crise et du deuil (voir également Ap 21, 5).

«Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara: « Voici que je fais toutes choses nouvelles. » Et il dit: « Écris, car ces paroles sont dignes de foi et vraies. »»

Évidemment, il ne s’agit pas de vivre dans le passé, ni de se projeter dans le futur, ni même de vivre uniquement dans le présent. Il s’agit d’habiter la vie en rejoignant sa source: Dieu. Car si la paix n’est pas dans votre cœur, elle ne le sera pas non plus dans le monde. Et la source de la paix, c’est Dieu.

Sa nouveauté nous incite à collaborer et à nous impliquer, chacun selon ses capacités, pour que soient transfigurées les souffrances qui nous accablent. Autrement dit, la nouveauté que Dieu fait advenir appelle notre créativité et notre inventivité.

En fin de compte, il faut dire qu’Isaïe reste pertinent pour nous aujourd’hui, car il continue à nous rappeler l’importance de la foi et de la fidélité à l’alliance avec Dieu. Il nous offre également un message plein d’espérance et de rédemption en nous rappelant la souveraineté de Dieu sur notre histoire, malgré les apparences du mal qui semblent contrôler notre destin.

P. Joël Mambe

Faites connaissance avec l’auteur en lisant l’article dans notre rubrique « Mission »: «Début de l’année du noviciat pour Joël Mambe: un chemin rempli de dévotion».